sábado, 18 de febrero de 2017

BRIAN SKERRY PHOTOGRAPHE SOUS-MARIN
                 Brian Skerry : "Nous avons causé trop de dommages à l'océan"
Source de l'image: © Brian Skerry Brian Skerry : "Nous avons causé trop de dommages à l'océan"

Plongeur depuis 40 ans, Brian Skerry arpente depuis 20 ans les fonds marins avec «National Geographic». Il nous raconte son quotidien de photographe sous-marin.
                   Brian Skerry : "Nous avons causé trop de dommages à l'océan"


Le monde merveilleux de Brian Skerry por F3languedocroussillon
Comment être vous devenu photographe sous-marin ?
Tout a commencé avec l’envie d’être plongeur. Enfant, je vivais dans l’Etat du Massachussetts, aux Etats-Unis, près de Boston et je passais mon temps à rêver de l’océan. Mes parents m’amenaient souvent à la plage, je trouvais que l’océan était un lieu de plénitude, mais il m’inspirait aussi de l’excitation et un grand désir de l’explorer. Il représentait pour moi un grand mystère et j’imaginais tant de choses que je pouvais découvrir sous l’eau. A l’époque, les documentaires de Cousteau étaient très populaires et j’en regardais beaucoup et j’avais très envie d’être moi aussi sur la Calypso.
Alors à mes 15 ans, j’ai passé mon brevet de plongeur dans l’idée de devenir un explorateur sous-marin. Un an après, je suis allé à une conférence sur la plongée à Boston et je me souviens de m’être assis parmi l’assistance, et d’avoir été subjugué par les photographes et réalisateurs qui présentaient leurs travaux. Et j’ai eu ce que j’appelle une «révélation» et je me suis dis que c’était un moyen parfait d’explorer l’océan. D’où je venais, une petite ville industrielle, personne autour de moi ne faisait partie de ce milieu. Je ne savais pas quoi faire comme études, et finalement je me suis inscrit en cours de photographie et en réalisation audiovisuelle ne sachant pas choisir.
J’ai continué à apprendre à plonger en explorant les épaves. Et bien plus tard, j’ai acquis une plongée plus technique : avec des gaz mélangés, du nitrox, de l’hélium pour explorer des épaves à 90 mètres de profondeur en Nord Atlantique. Je ne suis jamais devenu instructeur de plongée mais j’ai acquis une grande aisance technique en plongée avant de devenir photographe.
Depuis quand travaillez vous pour «National Geographic» ? Comment travaillez-vous avez le magazine ?
Depuis 1998 et je viens d’y publier mon 24ème reportage. Chaque sujet commence toujours par une proposition ou une idée de ma part à l’équipe éditoriale de «National Geographic». Je peux proposer une histoire sur un animal en particulier, un endroit, un enjeu environnemental ou une espèce à laquelle je m’intéresse. Habituellement, je passe beaucoup de temps à faire mes recherches, environ quelques mois et parfois une année entière...
Je rédige ensuite une proposition avec la rédactrice en chef avec qui je travaille depuis toujours, Kathy Moran (en charge des projets d’histoire naturelle chez «National Geographic»). Nous en parlons ensemble et si elle aime mon projet, elle le propose au comité éditorial du magazine. S’ils acceptent de produire le sujet, je dois préparer un plan de projet qui doit contenir mon budget, les lieux que je veux documenter et ce que je veux y faire.
Je suis parfois limité dans mes possibilités mais une fois mon budget approuvé, je me lance. Et l’ingérence de «National Geographic» s’arrête là. A partir de là, c’est moi qui décide où aller et qui seront les scientifiques avec lesquels je travaillerai. Je contrôle mon propre planning et mon propre matériel. Quel que ce soit le sujet, le processus est similaire d’un sujet à l’autre.
Combien de temps restez vous sur le terrain en reportage ?
Je voyage 8 à 9 mois par an et je suis sur le terrain la plupart du temps. Une fois mon projet approuvé, je pars environ 12 à 14 semaines au total. Cela comprend plusieurs voyages, car je ne reste jamais plus de trois semaines à un mois au même endroit. Je dois parfois y retourner dans l’année pour y photographier de nouvelles choses. L’an dernier, j’ai fait un reportage sur les requins tigres et j’ai été aux Bahamas, en Afrique du Sud et à Hawaï. Douze semaines sur le terrain au total.
La plupart du temps, je rejoins un scientifique sur place qui connaît le sujet sur lequel je travaille. J’ai vraiment besoin des scientifiques, leurs connaissances des espèces est inestimable pour la réalisation de mon reportage.
Mes assistants sont aussi très polyvalents. C’est finalement un job assez difficile parce qu’il requiert pas mal de compétences. 
Quels sont les aspects les plus difficiles de votre métier ?
Ne pas pouvoir contrôler les différents paramètres. Quand vous travaillez comme photographe de studio, vous pouvez contrôler entièrement la situation, la lumière, le lieu où placer votre sujet. Mais quand on photographie la faune sous marine dans son milieu naturel, on ne peut pas contrôler les animaux, ils font ce qu’ils veulent, ils ne se montrent pas s’ils n’ont pas envie.
En tant que photographe sous-marin, je ne peux rester sous l’eau que le temps de ma consommation d’air contenu dans ma bouteille, c’est à dire à peu près une heure. Je dois me tenir le plus près de mon sujet, je ne peux pas utiliser d’objectif longue distance… Moi, mon problème est qu’il me faut une distance maximum de quelques mètres et ceci pendant un temps extrêmement restreint.
Je ne sais jamais à l’avance si l’animal sera là ou si la visibilité sera bonne et parfois les poissons ne sont pas intéressés par ma présence alors ils ne veulent pas s’approcher. Il faut persévérer jusqu’à obtenir un bon résultat. Trois mois pour réaliser mon reportage, ça peut paraître long, mais en fait c’est très court… Car les bonnes occasions sont rares pour faire de bonnes photos…
Dans quelle partie du monde préférez-vous travailler ?
Il y a plein d’endroits où je n’ai encore jamais travaillé qui m’intriguent ! J’ai travaillé en Afrique du Sud il y a 2 ans pour la première fois et j’ai très envie d’y retourner : il y a tellement de bons reportages à faire là-bas. J’aime aussi travailler dans les pôles, en Arctique et Antarctique. En fait, c’est plutôt l’histoire qui choisit l’endroit Je suis plus intéressé par une espèce que par un lieu en particulier et j’irai là où je peux la trouver. Et bien sûr, trouver un endroit que personne n’a photographié  avant, ça m’intéresse. J’aimerais faire un sujet dans un estuaire, dans le sud de la France ou en Russie. 
Quels sont les endroits les plus impressionnants que vous avez photographiés ?
Celui qui a fait la couverture de National Geographic en 2004 sur les phoques en Arctique. J’ai passé 2 saisons à travailler sur leur migration saisonnière vers le sud, au Canada. Je vivais sur un bateau, il y avait beaucoup de phoques, de mères avec leurs bébés et il faisait extrêmement froid. C’était très dur de travailler dans ces conditions :faire des photos à la surface et dans de l’eau à -2 degrés. Mais la vie sous l’eau était spectaculaire.
Les îles au nord et au sud de la Nouvelle Zélande m’ont aussi beaucoup inspiré, Il y a là-bas une grande diversité de faune et de flore. Il me semble qu’au final dans chaque endroit que je photographie j’y trouve de la beauté : requins en Australie, des espèces spectaculaires au Japon… ça me rend encore plus accro je crois !
Que pensez vous de l’impact du réchauffement climatique sur la vie sous-marine ?
C’est le problème le plus important que nous avons à affronter en ce moment. Beaucoup de gens ne réalisent pas que chaque respiration d’être humain provient de l’océan. Plus de 50% de l’oxygène que nous consommons en ce moment en provient. Les algues, planctons et autres récifs de coraux nous fournissent notre oxygène. Et notre océan est le plus grand consommateur de carbone. Mais nous lui avons causé trop de dommages : surpêche, destruction de l’habitat, pollution et aussi une surproduction de carbone.
L’océan ne peut plus tout absorber. Sa capacité maximale est atteinte. Cela a généré une acidification de l’océan et chaque être vivant constitué de calcium (mollusques, étoiles de mer, coraux, baleines) qui se nourri de protéines se meurt peu à peu et disparaît. Il ne peut pas être aussi résistant et il est trop sollicité depuis 60 ans : 90% des requins et des thons ont disparus et nous avons perdu 50% des récifs coraux de la planète. Il y a trop de plastique dans l’océan et la mangrove a été détruite au profit de terrains de golf ou de complexes touristiques.
Cousteau a dit : «Si l’océan meurt, nous mourrons». Et c’est totalement vrai, la vie humaine tient beaucoup à la santé de l’océan. Dans notre meilleur intérêt, nous devrions protéger l’océan. La plupart des scientifiques nous disent que pour avoir un avenir sain, nous devrions protéger au moins 30% de l’océan en créant des réserves marines. Il n’y a que 3% de l’océan qui est protégé aujourd’hui. Il y a du chemin à faire mais nous savons que si nous passons à l’action, les espèces peuvent revenir, les fonds marins peuvent se reconstruire et ils agiront comme une barrière aux changements climatiques.
Aujourd’hui nous comprenons les problèmes et nous connaissons les solutions, nous devons juste agir, nous devons pousser les gouvernements et les pays à créer ces grandes réserves marines.
Avez-vous remarqué cet impact depuis que vous avez commencé votre carrière ?
Oui beaucoup. Juste depuis que j’ai commencé ma vie de plongeur, j’ai vu de moins de moins de poissons au cours des années. Avant, on pouvait voir des bancs immenses de poisson là où j’ai grandi en Nouvelle Angleterre : bébés poissons, morues et beaucoup d’autres espèces ont disparues. Les sublimes récifs de coraux d’il y a 20 ans sont tous morts maintenant, acidifiés. Tout est dévasté. Il y a des endroits où l’on voit que la faune et la flore reviennent dans certaines zones protégées mais au cours de ma carrière, j’ai surtout vu les choses s’aggraver et c’est en grande partie pour ça que je continue à faire ce que je fais et à documenter les fonds marins parce que je pense que c’est important que les gens comprennent ces choses.
Source: http://www.msn.com/fr-fr/actualite/technologie-et-sciences/brian-skerry-nous-avons-caus%C3%A9-trop-de-dommages-%C3%A0-loc%C3%A9an/ar-AAn3qWJ?li=BBoJIji

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