LES TOILES DE PARIS «MADE
IN CHINA»
Source de l'image: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Place_du_Tertre_02.jpg
Montmartre est envahi par les tableaux en provenance des pays asiatiques. C'est ce que dénoncent les artistes de la Butte, qui réclament une AOC.
UNE VUE des escaliers de la Butte, une tour Eiffel à la forme approximative, l'Arc de Triomphe, Notre-Dame… Les toiles exposées dans les boutiques du haut de la butte Montmartre ont un air résolument parisien. Et pourtant, la plupart d'entre elles ont sans doute été réalisées… en Chine. C'est du moins ce qu'affirment les peintres de l'historique carré des artistes en dénonçant une « concurrence déloyale ».
Entre les chevalets des peintres de la place du Tertre (300 autorisés par la mairie de Paris) et les étals des boutiques environnantes, les prix font en effet le grand écart. Dans les magasins, les petites peintures à l'huile se vendent 18 €, les toiles de taille moyenne posées les unes sur les autres comme des posters : 30 €... Sur la place du Tertre, les tarifs sont deux à trois fois plus élevés.
« Les galeries plutôt des bazars qui profitent de l'image artistique du quartier nous font énormément de tort », enrage Madani M'Barki, président de Paris-Montmartre, l'une des associations des peintres de la Butte. « Ils importent des tableaux fabriqués à la chaîne en Asie, avec des signatures bidons comme Georges, Claude, Paul… pour faire couleur locale. Et ensuite, ils vendent ça comme de l'art de Montmartre », s'indigne le peintre. « On est cernés par le made in China », confirme un de ses collègues.
Des peintures « d'origine contrôlée » ?
Un fantasme d'artistes gênés par la concurrence ? « Non, une réalité », reconnaît André Roussard, qui dirige l'une des dernières « vraies » galeries du haut de la Butte. « Le marché est inondé de tableaux bon marché venant de Chine ou de Roumanie (très en vogue en ce moment). Dans l'imaginaire des touristes étrangers, Montmartre reste le quartier de la grande peinture… Mais désormais, on est plus dans le commerce du souvenir que dans celui de l'art », déplore le galeriste.
Les commerçants environnants sont moins loquaces sur le sujet. Telle vendeuse peine à parler d'un peintre qu'elle expose. Tel autre renvoie vers son fournisseur en Seine-Saint-Denis. Une troisième ironise (en réclamant l'anonymat) sur la signature « Burnett » que l'on voit partout. « Ce doit être un nom très répandu en Chine ! » « J'importe 50 % des tableaux », conclut, plus naturellement, le patron de la galerie Garonnière. « Celui-là vient de Thaïlande », indique-t-il en montrant une grande vue de la place du Tertre.
Pour moraliser le marché, l'association Paris-Montmartre réclame en vain aux élus parisiens une « traçabilité » des tableaux. « On pourrait écrire Made in… au dos des toiles. Au moins les clients sauraient ce qu'ils achètent. » Une appellation d'origine contrôlée ? L'idée fait sourire un commerçant voisin. « Ce qui compte, c'est la beauté du tableau, pas la nationalité de son auteur. Après tout Picasso était espagnol, non ? »
Source: http://www.leparisien.fr/paris-75/ces-toiles-de-paris-made-in-china-01-11-2008-295890.php
Le Sacré-Coeur, la Tour Eiffel, ou la cathédrale Notre-Dame... À Montmartre, ces vues de Paris font le bonheur des touristes. C'est le souvenir idéal. Place du Tertre, pour acquérir une toile originale peinte par un artiste montmartrois, il faut débourser entre 100 et 500 euros. Mais à quelques mètres de là, des toiles avec les mêmes monuments de Paris à des tarifs imbattable. Selon les peintres de la place du Tertre, ces tableaux, qui ont tous le même style, sont fabriqués en série, à partir de photos. Certaines toiles ne sont même pas peintes. "Et les gens se font avoir, c'est ça le pire, explique Pascal Ignelzi. Ils font l'amalgame entre ça et nous". Ces tableaux portent des signatures avec des tableaux typiquement français que l'on retrouve sur des dizaines de toiles. Un certain Marius par exemple.
Un copiste réalise jusqu'à 50 tableaux par mois
D'où viennent ces tableaux à prix cassés ? En caméra cachée, nous avons posé la question aux vendeurs. Et certains n'hésitent pas à nous affirmer qu'elles ont été peintes par des artistes locaux. Ces toiles, nous les avons retrouvées à 10 000 kilomètres de Montmartre. À Dafen, dans le sud de la Chine : ici, plus de la moitié des reproductions de tableaux dans le monde sont réalisées. Un supermarché de la copie. Des milliers de peintres y reproduisent en continu des vues de Paris ou de villes d'Europe : le Moulin-Rouge, et celle qui se vend le mieux : la Tour Eiffel. "Je copie à partir d'une photo ou bien d'un tableau, explique Wang Wu-Liang, copiste. Ces villes d'Europe, je les connais par coeur, en photo; j'ai évidemment envie d'y aller, pour sentir leur charme." Ce peintre réalise jusqu'à 50 tableaux par mois. "Voilà, j'ai fini. Ça m'a pris à peine deux heures", se réjouit-il. À Montmartre, les touristes sont convaincus d'acheter l'oeuvre d'un artiste français. Un commerce qui n'a rien d'illégal, mais que les artistes de Montmartre jugent déloyal. Ils demandent à ce qu'une mention "Fabriqué en Chine" figure sur ces toiles.
Source: France 2 France Télévisions Mis à jour le publié le
Cawian – Le temps d'une aquarelle from Frédérique Le Brun on Vimeo.
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