L'HERMIONE LA FRÉGATE DE LA FAYETTE
L’Hermione file toutes voiles dehors vers l’Amérique, avec certainement le fantôme de La Fayette à bord. La frégate est une copie parfaite de celle qui emmena le marquis il y a 235 ans pour promettre l’aide de la Franceaux indépendantistes américains. Une poignée de passionnés a imaginé cette “machine à remonter le temps” à Rochefort-sur-Mer, en Charente-Maritime. A la barre se trouve Yann Cariou, le commandant qui sait dompter les grands voiliers. “Actuellement, explique-t-il à Euronews, on peut dire que ce navire est le plus complexe au monde à maîtriser, à manoeuvrer parce qu’on a un gréement du XVIIIe siècle et en plus un navire de guerre qui était très performant. C’est l‘équivalent des voiliers de course d’aujourd’hui mais il pèse mille tonnes”.
Au XVIIIe siècle, l‘équipage était constitué de 200 hommes en moyenne. Pour des raisons de sécurité et pour éviter la promiscuité, seulement 79 marins sont à bord de la nouvelle frégate, en majorité des jeunes volontaires. Ils ont dû apprendre par coeur le manuel du gabier et ont été formés “à la dure”. “On peut monter jusqu‘à 50 mètres de haut sur les perroquets (voiles carrées situées au dessus des hunes), raconte Nicolas Chambon, un étudiant de 26 ans, le grand perroquet du grand mât, par tous les temps parce qu’il peut y avoir un moment où un gros temps arrive sans prévenir et qu’on doive serrer le grand perroquet en urgence. Et là, on doit monter rapidement sur cette vergue (pièce de bois qui porte la voile) et vite serrer la voile, ne pas avoir le vertige, éviter d’avoir le mal de mer car là, ça secoue beaucoup. Là-haut, il y a de l’amplitude, c’est démultiplié par rapport au bas, au niveau de la coque”.
Il a fallu 17 ans pour reconstruire L’Hermione pièce par pièce…Le gréement, c’est 25 kilomètres de cordages, la voilure a une surface de 2 200 m2. Cette prouesse technique a permis de faire revivre plusieurs métiers traditionnels de la marine à voile, comme l’indique Benedict Donnelly, le président de l’association L’Hermione-La Fayette : “On a refait des voiles en lin en France, il n’y avait plus de lin produit pour la voilerie. On a fait un gréement en chanvre grâce à nos amis suédois qui sont venus de Suède pour nous le construire, nous apprendre à le faire et puis, c’est dans leur contrat, former des jeunes pour continuer à faire ce métier-là avec nous demain. Le village d’artisans qu’on a fait autour de L’Hermione au cours de ces années, il va rester. Il y a plein de “startup” de tous genres qui sont nées autour de L’Hermione. Ca, c’est une vraie fierté, cette filière économique autour de nous !”.
Lors de sa traversée de l’Atlantique en 1780, le marquis de La Fayette n’avait aucune femme autour de lui. Il y a du mieux cette fois-ci puisqu’un tiers de l‘équipage est féminin. Et parmi se trouvent des officiers, avec parfois des tâches surprenantes. “J’ai toujours voulu aller sur les grands voiliers, maintenant, c’est le cas, dit Anne-Laure Barberis. En arrivant ici, je me suis retrouvée Lieutenant-canonnier, donc c’est moi qui suis en charge de ces bestioles-là, les canons de 12 et les canons de 6 (qui tirent respectivement des boulets d’un poids de 6 kilos et de 3 kilos). C’est moi qui suis en charge pendant les festivités de charger les canons, d’effectuer les tirs en m’assurant qu’on ne touche personne parce qu’on n’est plus à l‘époque où on tirait sur les “Anglois” !”. Comme par hasard, aucun Anglais ne s’est embarqué sur L’Hermione, mais deux Américains sont à bord.
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